"On se prend au jeu" : alléchés par la fête des JO, des Parisiens de retour dans la capitale


"On se prend au jeu" : alléchés par la fête des JO, des Parisiens de retour dans la capitale

© Pixabay

Publié le 24 août 2024

Ils ont "fui" Paris, persuadés que les Jeux olympiques allaient transformer la capitale en cité invivable. Nombre de Parisiens, sceptiques de la première heure, se sont repentis pour revenir humblement se fondre dans la fête des JO.


C'est le cas de Colombe de Lambert et Victoire Allard, deux amies qui se mêlent ce vendredi matin, une semaine après le lancement des Jeux, à la foule venue soutenir les athlètes français dans la "fanzone" installée sur le parvis de l'Hôtel de Ville.

Les deux étudiantes de 20 ans étaient parties en vacances en famille début juillet, l'une dans le Sud, l'autre en Normandie (nord-ouest). Les congés estivaux devaient durer jusqu'à fin août. Mais l'ambiance qu'elles ont perçue à Paris, notamment sur les réseaux sociaux, les ont convaincues de revenir.

Les voilà donc, "un petit stop à Paris pour voir l'ambiance des Jeux", explique Colombe, la voix couverte par les vivats de la foule, des milliers d'yeux rivés sur l'écran géant retransmettant sous un bain de soleil la demi-finale du pongiste français Félix Lebrun.

"Aucun regret", confirme Victoire Allard. "C'est même plus facile d'accès qu'avant les JO. Avant la cérémonie (d'ouverture, le 26 juillet), tout était fermé" dans une capitale défigurée par les impératifs de sécurité, apprécie celle qui avait "vraiment peur des attentats" il y a encore quelques jours.

 

Effet report

"Avec l'engouement, l'ambiance, on se prend au jeu", raconte Yaëlle Augereau, une enseignante parisienne de 53 ans, presque étonnée de se retrouver sur la fanzone, elle qui revient tout juste de Gironde, dans le sud-ouest du pays.

Elle n'avait "pas du tout prévu" de suivre l'olympiade, mais s'est "surprise à aller au café" pour soutenir la nouvelle coqueluche française, Léon Marchand.

Ce qui plaît particulièrement à cette mère de famille, venue avec ses deux enfants, c'est l'ambiance "festive et bon enfant", les transports qui roulent sans encombre là où elle les imaginait dysfonctionner. Bref, "tout est beau, ce n'est pas le bazar", dit-elle, sous les applaudissements de la foule pour l'entrée en lice du judoka français Teddy Riner.

La conversion des réfractaires à l'engouement général est difficile à quantifier, d'autant que le nombre de Franciliens dans les transports en commun n'a pas bougé comparé à la même période l'an dernier, toujours 500.000 visiteurs quotidiens, selon Ile-de-France Mobilités.

Sur le premier week-end des JO, le nombre de résidents présents dans le Grand Paris était même supérieur de 3% à 2023, d'après les données de l'office du tourisme.

Mais la tendance est telle que l'engouement aura "un effet report" sur la billetterie des Jeux paralympiques (28 août-8 septembre), anticipe déjà Pierre Rabadan, l'adjoint aux JO de la maire de Paris.

 

Spleen

"On a fait face à beaucoup de défiance" mais "le succès est total", se félicite-t-il.

L'élu parisien assure recevoir "des dizaines de messages par jour de gens qui étaient sceptiques (...), qui disaient +je ne vais pas rester+" et qui aujourd'hui "souhaitent annuler leurs vacances pour rester tellement ils sont stupéfaits par l'enthousiasme et le cadre qu'on a créés avec des Jeux en coeur de ville, au plus près des bâtiments patrimoniaux et de l'histoire parisienne".

Rentrer, Evelyne Cuq y pense, elle qui est partie mi-juillet se mettre au vert aux Sables d'Olonne, sur la côte atlantique, pour fuir Saint-Ouen, au nord de Paris, où elle vit tout près du village olympique. Aujourd'hui, elle "regrette".

Cette femmme de 76 ans avait des invitations pour des épreuves des JO, mais redoutait "le problème des transports" et la "morosité" ambiante. Aux Sables d'Olonne, "on dirait presque qu'on ne sait pas qu'il y a les JO, il n'y a pas d'écran géant, il n'y a rien".

"Je me suis enfui de Paris, je partais pour fuir le métro et au final j'ai l'impression que tout est idyllique", abonde Benjamin K., 37 ans, un fonctionnaire parti se réfugier dans un village des Pyrénées orientales (sud-ouest). Pour finir, "j'ai vraiment le spleen", avoue-t-il.

Malgré le "petit pincement" au coeur, Benjamin K. finit par en rire : "Peut-être que c'est si bien parce que les Parisiens ne sont pas là!".

 


AFP
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