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Publié le 18 juillet 2024
La mairie de Paris avait annoncé en septembre 2023 qu'elle comptait fermer à l'issue des Jeux olympiques la gare intramuros de Bercy, centre névralgique mais insalubre des bus longue distance en Ile-de-France. Un calendrier qu'elle indique jeudi à l'AFP avoir abandonné.
En service depuis 2017, la gare la plus fréquentée de France accueille 4,7 millions de passagers annuels qui empruntent des bus bon marché depuis ou vers Lille, Florence ou Varsovie, entre autres.
Paris veut limiter le trafic des autocars intramuros, et les professionnels du secteur plaident pour accueillir les passagers dans une gare moderne comme à Berlin ou Londres.
Le déménagement de la gare n'est "pas envisageable" dès cet été, prévient l'Autorité de régulation des transports (ART), dont l'avis est consultatif.
Un délai de 12 mois à partir de la décision du déménagement semble "absolument incompressible", le temps que les opérateurs de bus s'organisent, selon son rapport.
Et il n'est "pas souhaitable que le changement de site s'effectue en été, une période de pointe", ajoute-t-il.
Une fermeture précipitée de Bercy (dans le sud-est de Paris) "affecterait négativement le marché" des cars longue distance, prévient l'autorité, et "remettrait en cause les bénéfices apportés par l'ouverture de ce marché", en poussant "plusieurs millions d'usagers à se reporter sur des modes plus coûteux".
Contacté par l'AFP, l'entourage de l'adjoint aux mobilités David Belliard a indiqué qu'un déménagement dès 2024 n'était plus d'actualité et que "l'horizon" de la fermeture était désormais celui du "courant de l'année prochaine".
La FNTV, la fédération qui représente les autocaristes, s'est félicitée jeudi des conclusions de ce rapport, et a exigé dans un communiqué "que la fermeture de la gare de Bercy-Seine soit immédiatement suspendue jusqu'à ce qu'une alternative crédible soit mise en place".
Le rapport de l'ART démontre, selon la FNTV, "que les alternatives proposées ne sont pas viables à court terme et que la fermeture de Bercy-Seine serait une erreur catastrophique".
"On va inévitablement passer par une période de service dégradé, au détriment des voyageurs", et les correspondances entre autocars seront compliquées, prévient son président Jean-Sébastien Barrault.
A plus long terme, la gare d'autocars gagnerait à être déplacée à la Porte Maillot, à l'entrée ouest de Paris, mais aussi vers de nouvelles gares en Seine-Saint-Denis, département au nord de Paris, selon ce rapport.
L'actuelle gare de Pershing, Porte Maillot, apparaît pertinente pour accueillir une partie du trafic. Des investissements restent cependant nécessaires pour y réaliser des aménagements (espaces couverts, sanitaires) et sa capacité ne pourra être que de 20 quais, sur les 35 à 45 nécessaires.
Le reste du trafic pourrait être redirigé dans un premier temps vers le parking de cars Douaumont, Porte de Clichy (nord-ouest).
Il arriverait ensuite, à partir de 2030, dans une nouvelle gare à Saint-Denis-Pleyel (banlieue nord), sur les lignes 13 et 14 du métro.
Les cars pourraient également arriver plus loin, dans une nouvelle gare à construire à Rosny-Bois-Perrier (nord-est), au niveau du centre commercial Rosny 2, à proximité d'une station du RER E, de la ligne 11 et de la future ligne 15 du métro.
Exit donc l'ex-gare routière de Bagnolet, fortement dégradée. Exit aussi la gare de Massy (sud), trop lointaine, ou le terminal Jules-Verne de La Défense, déjà saturé.
Pour un des principaux opérateurs intéressés, BlaBlaCar, ce rapport met en lumière le fait qu'il "n'existe actuellement aucune solution pérenne et de qualité pour remplacer la gare routière de Bercy-Seine". A horizon 2030 cependant, le transporteur soutient l'idée d'une grande gare à Saint-Denis Pleyel.
L'actuelle gare de Bercy, située dans le XIIe arrondissement au bord de la Seine, a été construite en 1996 comme parking de cars de tourisme pour soulager le centre parisien. Elle devrait revenir à cette vocation, selon la mairie de Paris.
Alors qu'aucune collectivité n'est réellement responsable de l'accueil de ces cars pour le moment, l'ART appelle à la mise en place rapide d'une structure de gouvernance locale, associant la ville de Paris, Ile‑de-France Mobilités, la métropole du Grand Paris et l'Etat.